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Arrivé largement en tête du scrutin avec 41,4 % des voix, Ibrahim Boubacar Keïta est « sur orbite », selon ses propres termes. Il rejette les accusations de fraude de son challenger Soumaïla Cissé qui n’a obtenu que 17,8 % des voix. IBK défend son bilan et explique qu’un redressement national s’est opéré. Ibhrahim Boubacar Keïta est l’invité Afrique matin sur RFI, ce vendredi 10 août, dès 4h43 TU.

RFI: Quand vous dites que vous êtes sur orbite, est-ce à dire que vous pensez que c’est gagné ?
Ibrahim Boubacar Keita: Oh non, sûrement pas. Je n’ai pas cette fatuité-là. Je crois que dans une élection, il ne faut jamais préempter. Mais, il est évident que, ce qui s’est passé quand même nous a permis d’être qualifiés pour le second tour. Ca ne veut pas dire que ce soit une assurance tous risques mais nous pouvons y aller avec beaucoup de confiance et de sérénité.
Vous êtes confiant parce que vous avez une avance très confortable, 24 points, mais votre rival Soumaïla Cissé dit que ce sont les points de la fraude. La preuve, dit-il, ces bureaux de vote de Gao, de Tombouctou, de Mopti où votre score de 2013 est multiplié par quatre ou par cinq, ce n’est pas crédible, dit-il.
Moi je sais ce que j’ai ressenti en parcourant le pays tout entier, du nord au sud, d’est en ouest, et ceux qui viennent m’accueillir. Je crois, pour ce qui concerne cette histoire de fraudes massives… Est-ce que l’observation nationale a pu être induite en erreur ?… L’observation internationale était là aussi et tout le monde y a été. Je crois que le jeu était très ouvert. Et s’il y a un processus qui a été d’un bout à l’autre transparent, c’est le processus malien. Je pense qu’également nos compilations ont été absolument corroborées par celles faites par la Minusma. Je ne pense pas que la Minusma soit complice de quoi que ce soit qui puisse être contraire aux bons usages électoraux.
Mais tout de même, ce mardi, les observateurs européens ont demandé à votre gouvernement d’observer davantage de transparence au deuxième tour, n’est-ce pas la preuve qu’il y a eu des insuffisances au premier tour ?
Je crois que les observateurs européens, comme tout autre, sont dans leur droit de souhaiter que tout a été mis en œuvre pour qu’un processus toujours inclusif et très transparent le soit, c’est son rôle, sa mission. Encore que ça  ne nous donne aucun complexe parce que nous n’avons pas du tout lieu de craindre cela. Et nous sommes à l’aise, nous sommes absolument à l’aise par rapport à tout cela.
Ibrahim Boubacar Keita, vous êtes le président sortant, en ballottage. « Dans l’histoire du Mali, c’est la première fois qu’un président en exercice est contraint à un deuxième tour et ce n’est pas bon signe pour lui », dit votre adversaire. Que lui répondez-vous ?
Je lui dirais simplement que cela veut dire que, contrairement à ce qu’il dit, ce processus est absolument d’une grande transparence, d’une grande fiabilité et que, sur 24 candidats, j’ai fait le score que j’ai fait. Je n’ai jamais été de ceux qui ont dit que ce serait « un coup KO » et que je passerais tout de suite haut la main. Non, je pense que c’est une compétition électorale, mais tirer une conclusion hâtive du fait que je sois en ballotage pour dire que je suis désavoué, non, non. Il y a eu cinq ans de lynchage médiatique d’IBK, où on a dit le pire souvent. C’est IBK qui a été lynché mille fois. On oublie souvent allègrement de dire dans quel état il a trouvé ce Mali-là et qu’il a mis debout. Nous avons près de 9 millions de tonnes de céréales dans nos greniers, nous avons la production cotonnière la plus importante au sud du Sahara et, vous le savez très bien, nous n’avons pas trouvé une armée tout à fait comme il faut. Nous l’avons équipée et aujourd’hui, si les troupes maliennes peuvent défiler à Abidjan, à l’occasion de la fête-anniversaire de l’indépendance de ce pays-là, c’est bien qu’aujourd’hui il y a une armée malienne. Nous avions également un ciel qui était vide d’aéronefs militaires maliens. Il y en a onze aujourd’hui. Il y a un redressement national qui s’est opéré.
Monsieur le président, si l’on additionne les voix obtenues par les 18 candidats qui se revendiquent de l’opposition, ça fait tout de même plus de 50%, est-ce que vous ne craignez pas que dimanche prochain, Soumaïla Cissé fasse le plein de ces voix au second tour ?
Est-ce que vous pensez que ces voix appartiennent aux uns et aux autres ? D’autre part, savez-vous ce qui se passe aujourd’hui au niveau de Bamako ? Moi, je suis tranquille là-dessus. Ce n’est pas un problème arithmétique mécanique, c’est autre chose. Il y a beaucoup d’autres logiques qui sont en train de s’opérer et qui ne donnent pas à désespérer, pas du tout.
Alors vous faites allusion à la prise de position des candidats arrivés, troisième et quatrième, Aliou Diallo et Cheikh Modibo Diarra, qui ne donnent aucune consigne de vote.
Je ne fais allusion, cher ami, à aucune prise de position particulière. Je dis simplement que, dans cette affaire-là, il faut savoir faire preuve de modestie et raison garder. En tout cas, que le Mali ait réussi la prouesse, cinq ans après notre arrivée aux affaires, à date échue, de tenir son élection présidentielle, je crois, en soit déjà, que cela vaut une reconnaissance de mérite.
Sauf, monsieur le président, dans 871 bureaux de vote…
Vous savez, tous les bureaux de vote n’ont pas pu être ouverts, c’est évident. Mais c’est 3%. Contrairement à ce que nous avions connu lors des communales [de novembre 2016, ndlr], où nous avions près de 8% de ces bureaux-là. Il y a un progrès qui est notable et que nous allons essayer d’amplifier pour réduire encore davantage le nombre de ces bureaux qui n’ont pas pu ouvrir, faute d’accessibilité ou alors pour des raisons seulement de sécurité auxquelles nous essayons de remédier.
Pour ce dimanche, vous voulez réduire encore le nombre de bureaux défaillants ?
Nous allons essayer, tout est mis en œuvre pour cela.

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