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Les Rohingyas actuellement réfugiés au Bangladesh qui vont retourner en Birmanie suite à l’accord conclu entre les deux pays devront d’abord vivre dans des abris temporaires ou des camps, a annoncé Dacca samedi.
« Au départ, ils seront installés dans des abris temporaires ou des installations prévues pour un temps limité », a déclaré aux journalistes le ministre bangladais des Affaires étrangères A.H. Mahmood Ali.

« La plupart des villages ont brûlé. Où pourraient-ils donc retourner? Il n’y a plus de maisons. Où pourraient-ils vivre? », a-t-il expliqué, soulignant qu’il était « physiquement impossible » pour les réfugiés de regagner leurs habitations.
Vendredi, le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a estimé que les conditions n’étaient actuellement pas réunies pour assurer un retour « sécurisé et durable » des membres de cette minorité musulmane en Birmanie.
La Birmanie et le Bangladesh avaient annoncé jeudi, à quelques jours d’une visite du pape François, un accord sans détailler son contenu sur un retour des réfugiés rohingyas. L’accord devrait s’appliquer « dans les deux mois », selon le Bangladesh.
Quelque 620.000 Rohingyas ont fui au Bangladesh depuis fin août face à une campagne de l’armée birmane que l’ONU considère comme un nettoyage ethnique, déclenchant l’une des plus graves crises humanitaires de ce début de XXIe siècle en Asie et suscitant l’émoi international ainsi que des critiques envers la dirigeante birmane Aug San Suu Kyi, prix Nobel de la paix.
Selon le texte de l’accord publié samedi par Dacca, la Birmanie « doit restaurer la normalité dans le nord de l’Etat Rakhine et encourager ceux qui avaient quitté la Birmanie à rentrer volontairement et en sécurité dans leurs foyers » ou « dans un endroit sûr et sécurisé de leur choix au plus près » de chez eux.
– ‘Regagner leurs villages’ –
« La Birmanie prendra toutes les mesures possibles pour s’assurer que les personnes qui reviennent ne soient pas installées dans des sites temporaires durant une longue période et que leur liberté de mouvement en Etat Rakhine soit permise en conformité avec les lois et règlements existants », poursuit le texte.
Plus de 100.000 personnes, essentiellement des Rohingyas, vivent déjà dans des camps de déplacés de l’Etat Rakhine depuis des violences interreligieuses ayant fait plusieurs centaines de morts en 2012.
« Les Rohingyas n’accepteront jamais un rapatriement volontaire s’ils ne peuvent pas regagner leurs villages et si leurs terres ne leur sont pas rendues », a déclaré à l’AFP un militant rohingya, Mohammad Zubair.

AFP / Munir UZ ZAMANDes réfugiés rohingyas attendent une collecte d’eau au camp de Hakimpara au Bangladesh, le 24 novembre 2017

Selon lui, le Bangladesh et la Birmanie ont signé en 1992 un accord similaire qui avait permis le retour d’environ 200.000 Rohingyas dans l’Etat Rakhine mais sans résoudre des problèmes comme ceux de la nationalité.
« A moins que nous obtenions la nationalité en Birmanie, en aucune manière les Rohingyas ne rentreront cette fois-ci en Etat Rakhine », a ajouté M. Zubair.

Traités comme des étrangers en Birmanie, pays à plus de 90% bouddhiste, les Rohingyas représentent la plus grande communauté apatride du monde. Depuis que la nationalité birmane leur a été retirée en 1982, ils sont soumis à de nombreuses restrictions.
L’accord sur le retour des réfugiés concerne quelque 700.000 Rohingyas ayant fui au Bangladesh depuis octobre 2016, selon le texte publié samedi. Cela exclut des centaines de milliers de Rohingyas ayant fui les années précédentes.
« Le rapatriement des résidents entrés au Bangladesh auparavant sera examiné séparément », selon le texte.
L’opposition au Bangladesh a critiqué cet accord, estimant que « se préparer à rapatrier les Rohingyas sans faire cesser la répression et le génocide dans leur pays reviendra à les pousser en enfer ».
AFP

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