« Les recherches vont prendre du temps », prévient l’expert en questions militaires Rosendo Fraga.
Alors que la Marine et les autorités civiles argentines ne reconnaissent pas publiquement qu’il n’y plus de chances de trouver des survivants, une députée de la majorité présidentielle a franchi le pas.
« Le président et le gouvernement ne peuvent pas le dire, car il n’y a pas de preuve formelle. C’est un événement irréversible, ils sont tous morts », a déclaré la députée Elisa Carrio.
Depuis plus d’une semaine, des avions américains, britanniques et argentins sillonnent l’Atlantique sud à sa recherche. Les Russes vont compléter le dispositif dans les prochaines heures. Treize pays au total participent aux recherches.
– Historique –
« Il n’y a pas d’antécédent dans l’histoire d’un déploiement de cette ampleur. Les Etats-Unis et la Russie sont les pays les plus développés dans le domaine, héritage de la Guerre froide », fait remarquer l’ingénieur naval Horacio Tettamanti, un des principaux experts argentins.
D’abord une zone de 500.000 km2, presque de la taille de la France, largement réduite après la révélation d’une explosion perçue dans le périmètre d’action du sous-marin, autour de la position estimée de l’explosion, à 400 km des côtes argentines.
A cet endroit les fonds océaniques vont de 300 à 1.000 mètres.
La Marine a perdu tout contact avec le San Juan alors qu’il avait mis le cap vers la base navale de Mar del Plata, son port d’attache.
Après un exercice militaire au sud du continent américain, il naviguait vers sa base tout en assurant une mission de surveillance de la zone de pêche de l’Argentine.
« Les recherches vont continuer jusqu’à ce qu’ils le trouvent. Avec le déploiement technique qu’il y a, je suis convaincu qu’il va apparaître rapidement, dans les prochains jours », estime Horacio Tettamanti. Il ne fait aucun doute selon lui que le submersible est entier, même s’il a été endommagé par l’explosion.
« Aujourd’hui, dit-il, on dispose de la technologie suffisante pour retrouver un sous-marin au fond ».
Depuis la base militaire argentine de Bahia Banca, deux avions P8 de l’US Navy participent aux recherches. Equipés de radars, scanners, ils larguent des bouées équipées de capteurs sensibles pour tenter de détecter le submersible, a constaté dimanche un journaliste de l’AFP-TV qui a pris part à une mission.
A bord de l’avion, des militaires américains scrutent des écrans de contrôle à l’affut d’un indice.
Trois équipages par appareil se relaient pour que chaque avion puisse opérer 24 heures sur 24.
Depuis le port de Comodoro Rivadavia, un navire avec à son bord un véhicule sous-marin de secours a appareillé pour la zone des recherches, selon une journaliste de l’AFP sur place. Ce véhicule pourra être envoyé au fond pour remonter les membres d’équipage, une fois le San Juan localisé,
– Trois miraculés –
Trois sous-mariniers ont miraculeusement échappé à la tragédie qui affecte leurs compagnons. L’un a dû se rendre au chevet de sa mère, malade, a obtenu une permission et a quitté le San Juan à Ushuaïa. Un autre a dû quitter le San Juan au même endroit pour se rendre au Pérou pour une mission de travail. Un troisième avait été exempté de mission alors qu’il s’apprêtait à embarquer car il devait finaliser l’achat de sa maison.
La plupart des familles qui étaient hébergées sur la base de Mar del Plata depuis l’annonce de la disparition l’ont quittée. Quelques unes, originaires de provinces éloignées, attendaient dans la base la localisation du submersible.
« Nous resterons ici jusqu’au bout », témoigne Zulma Sandoval, la mère de Celso Vallejo.
« Nous allons continuer d’attendre avec beaucoup de foi », dit son père Oscar Vallejo, un ancien combattant de la guerre des Malouines.
Le président argentin Mauricio Macri a exigé vendredi « une enquête sérieuse, approfondie, qui permette d’avoir des certitudes » sur le sort du San Juan et d’élucider les circonstances de l’explosion.
La perte du San Juan porte un coup à la capacité opérationnelle de la Marine argentine. Entre 2008 et 2014, le pays avait investi 20 millions de dollars dans la modernisation du submersible, qui constituait le joyau de l’armée argentine dont les équipements sont généralement obsolètes, faute de financements.
AFP