Le tribunal chargé du dossier a fixé la date du jugement en appel de l’icône de la gauche au 24 janvier, à Porto Alegre (sud).
La décision doit être prise de façon collégiale par trois juges et la présence de l’accusé n’est pas obligatoire lors de l’audience.
En juillet dernier, Lula avait été condamné à neuf ans et six mois de prison pour « corruption passive et blanchiment d’argent » par le juge Sergio Moro, son ennemi intime qui l’avait néanmoins laissé en liberté dans l’attente de son jugement en appel.
Le magistrat avait alors invoqué « le traumatisme » que représenterait pour le Brésil l’incarcération d’un ex-président.
Le juge Moro, figure emblématique de la lutte anticorruption au Brésil pour son rôle dans la gigantesque enquête « Lavage express », avait reconnu Lula coupable d’avoir reçu un triplex dans une ville balnéaire en guise de pot-de-vin de la part de l’entreprise de bâtiment OAS.
Au total, il est accusé d’avoir bénéficié de largesses à hauteur de 3,7 millions de réais (1,06 million d’euros).
Ces dessous de table auraient été versés en échange de faveurs dans l’obtention de marchés publics de la compagnie pétrolière d’État Petrobas.
Lula, visé par ailleurs par six autres procédures judiciaires, a toujours clamé son innocence et se dit victime d’un complot pour l’empêcher de revenir au pouvoir.
– ‘Temps record’-
En tête des intentions de vote malgré toutes les accusations qui pèsent contre lui, l’ancien ouvrier métallurgiste pourrait être empêché de se présenter en cas de condamnation en deuxième instance.
Si sa condamnation est confirmée, les avocats de Lula pourront interjeter de nouveau appel auprès d’instances supérieures et permettre ainsi au grand favori des sondages, non seulement d’éviter la prison, mais aussi de rester en lice pour la présidentielle.
A dix mois du scrutin, le Brésil est plongé dans une grande incertitude politique: aucun candidat ne se détache réellement, mis à part Lula, malgré la menace de la prison, et loin devant le numéro deux dans les sondages, Jair Bolsonaro, un député d’extrême droite sulfureux.
Un des avocats de Lula, Cristiano Zanin, a critiqué dans un communiqué le fait que le procès en appel ait été traité en un « temps record », dénonçant « une violation de l’égalité de traitement » devant la justice.
Il a laissé entendre que le tribunal avait subi des pressions pour que le sort de l’ex-président soit scellé afin de mettre fin aux incertitudes liées à sa participation au scrutin présidentiel.
Quand il a quitté le pouvoir, Lula jouissait d’une cote de popularité de 80%. Sous ses deux mandats, de 2003 à 2010, près de 30 millions de Brésiliens sont sortis de la misère.
Mais depuis sa réputation a été mise à mal par les scandales de corruption à répétition et par la grave crise économique qui a débuté sous la présidence de sa dauphine Dilma Rousseff, destituée l’an dernier pour maquillage des comptes publics.
Peu après l’annonce de la date du jugement en appel de Lula, la Bourse de Sao Paulo a clôturé en hausse de 1,39%, alors que l’indice Ibovesba était en dents de scie tout au long de la journée.
AFP