– Vietnam: Washington doit négocier
Depuis 1961, et surtout 1964, les Etats-Unis ont engagé un nombre croissant de forces pour venir en aide au régime au pouvoir au Sud-Vietnam, en butte à une guérilla, le Vietcong, soutenue par le Nord-Vietnam communiste.
Fin janvier, lors du Têt (nouvel an lunaire), Vietcong et Nord-Vietnam attaquent des centaines de villes du Sud, dont Hué et Saïgon. Cette offensive surprise décrédibilise l’administration du président Lyndon Johnson, en montrant qu’une guérilla peut tenir tête au colossal effort de guerre américain.
Fin mars, Johnson annonce un arrêt partiel des bombardements américains sur le Nord. Des négociations s’ouvrent en mai à Paris. C’est le début d’un long processus de désengagement américain qui aboutira en 1976 à la réunification du Vietnam sous la houlette du Nord.
– Les jeunes se rebellent
Au milieu des années 60, la dénonciation de la guerre du Vietnam est, dans les campus américains et les universités européennes, le point de ralliement des contestataires scandant « US Go Home! »
En 1968, le mouvement prend de l’ampleur et s’élargit à une remise en cause globale de la société : aux critiques classiques du capitalisme -souvent accompagnées d’une fascination envers la Chine communiste-, s’agrègent des revendications nouvelles : liberté sexuelle, féminisme, et, déjà, écologie.
En Allemagne, une tentative d’assassinat le 11 avril contre le meneur étudiant Rudi Dutschke, blessé par balles, déclenche une émeute à Berlin. La révolte s’étend à des dizaines de villes allemandes.
En France, l’université de Nanterre, près de Paris, fer de lance de l’agitation, est fermée en avril mais les troubles tournent à l’insurrection dans la capitale dans la nuit du 10 au 11 mai. Deux jours plus tard, la révolte devient aussi ouvrière et une grève générale paralyse le pays pendant plusieurs semaines.
Un temps décontenancé, le général de Gaulle, président de la République, dissout l’Assemblée nationale le 30 mai: ses partisans organisent à leur tour le même jour une énorme manifestation et remportent les élections législatives de juin.
Le mouvement fait tache d’huile: Italie, Turquie ou Japon. A Mexico, des étudiants (33 selon les chiffres officiels, 200 à 300 selon des témoins étrangers) sont tués par les forces de l’ordre, le 2 octobre, peu avant l’ouverture des Jeux olympiques, où deux médaillés noirs américains monteront sur le podium, le poing levé, pour protester contre le sort de leur communauté aux Etats-Unis.
– Droits civiques et assassinats
L’année 1968 est en effet tragique pour les militants contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis: le pasteur noir Martin Luther King, prix Nobel de la Paix 1964, est assassiné le 4 avril par un ségrégationniste blanc à Memphis (Tennessee).
Des émeutes secouent alors les grandes villes américaines, dont Washington. Peu après, le président Johnson signe une des dernières lois sur les droits civiques réclamée par Luther King, celle contre la ségrégation contre le logement.
Un autre assassinat politique secoue les Etats-Unis: le 5 juin, à Los Angeles, au soir de sa victoire aux primaires démocrates de Californie, le sénateur Bob Kennedy, frère cadet de John F. Kennedy, assassiné en 1963, est atteint de plusieurs balles tirées à bout portant par le Palestinien Sirhan Sirhan, et meurt le lendemain.
– Le Printemps de Prague
Le vent de révolte ne souffle pas seulement à l’Ouest. En Tchécoslovaquie, Alexander Dubcek, nommé à la tête du parti communiste en janvier, tente une expérience originale de « socialisme à visage humain » et libéralise le régime.
Mais ce « printemps de Prague » est inacceptable pour Moscou, qui envoie le 21 août les chars du Pacte de Varsovie envahir le pays. Il faudra attendre vingt ans avant que l’espoir ne renaisse au delà du rideau de fer.
– Le martyr du Biafra
Cet été-là, les images d’enfants mourant de faim au Biafra, province sécessionniste du Nigeria, émeuvent le monde. Le conflit, et surtout le blocus imposé par le pouvoir central, feront plus d’un million de morts, principalement de faim et de maladie, entre 1967 et 1969. L’action sur le terrain de quelques médecins français marquera le début d’un nouveau type d’engagement humanitaire, avec la création en 1971 de Médecins sans frontières.
AFP