L’ancien chef de l’Etat, le président Thomas Boni Yayi s’est adressé ce jour Mardi 2 Octobre 2018 à la République, à tous les acteurs de la vie politique économique et social. c’est à travers une lettre postée sur sa Page Facebook que le président d’honneur des FCBE s’est adressé à la nation béninoise.
Dans cette correspondance aux béninois, le président Thomas Boni Yayi voudrait attirer l’attention de tous sur le malaise et les grognes de plus en plus assourdissant de la jeunesse. Feindre ou ignorer cette situation estime t-il est une irresponsabilité.
Aussi, à travers sa correspondance, il voudrait attirer la conscience de chaque béninoise et de chaque béninois et surtout l’attention des autorités du pays sur la nécessité de prêter attention aux grognes de la jeunesse qui représente 65% de la population.
En défenseur de la cause des jeunes, le président d’honneur du parti des forces cauris pour un Bénin émergent estime que la jeunesse béninoise est abandonnée et soumise à l’extrême pauvreté et qu’il est nécessaire de faire davantage attention à son cri de détresse au lieu de « jouer la politique d’autruche » en croyant qu’il a une main cachée derrière les mouvements spontanés de jeunes qui poussent sur l’ensemble du territoire nationale. Lire ci-dessous l’intégralité de son message.
Message du président Yayi Boni à la République:
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Cotonou le 2 octobre 2018
Ma lettre à la République
Je voudrais m’adresser à la République, à tous les acteurs de la vie politique, économique et sociale de mon cher pays.
Depuis un certain temps, je note, au-delà des murmures, des grognes et des gémissements une espèce de malaise généralisée reflet de l’effet d’une arme de destruction massive. Ce que chacun vit et pense bas est relayé par la jeunesse de notre pays représentative pour que j’attire une fois de plus l’attention de tous en ma qualité d’Ancien Président de la République.
C’est le moment de mettre fin à la politique de l’autruche. Continuer de croire à une main invisible des politiques dans cette grogne de la jeunesse ne peut que relever d’une irresponsabilité.
Ces gémissements de la jeunesse, il faut les prendre au sérieux parce que cette jeunesse, comme vous le savez et à l’instar des autres pays de notre continent, représente en moyenne près de 65% de notre population dans sa tranche de 15 à 35 ans et près de 60% de la population sans revenus et sans emplois. Avec son coefficient élevé, la courbe de Gini sur la pauvreté s’élargit et le taux de pauvreté s’accélère. Le Bénin s’accommode aujourd’hui d’une pauvreté plus grandissante que par le passé selon les statistiques des institutions internationales crédibles. Plus grave, moins de 1 béninois sur 3 s’offre dans les meilleurs des cas 1 repas de qualité par jour.
Où se trouve aujourd’hui notre pays avec l’Indicateur de Développement Humain (IDH) ? Notre positionnement n’est pas encourageant ni dans la sous-région, ni dans le continent, ni dans le monde. La meilleure source est le gémissement de tout un Peuple qui vit cette pauvreté. La jeunesse en paie le prix.
Continuer de croire à une main invisible de certains politiques nous éloigne de l’épicentre de notre marche commune vers la transformation radicale, politique et socio-économique de notre patrie commune, le Bénin.
C’est le moment de poursuivre mieux que par le passé, les investissements massifs et bien ciblés dans la jeunesse et les femmes avec la vision d’un véritable aménagement du territoire sur le plan national conformément à la feuille de route de l’Union Africaine adoptée en 2017 sur le nécessaire dividende démographique, car la croissance démographique de l’ordre de 2,5 à 3,7% est largement au-dessus du rythme d’évolution de nos ressources.
L’implication de cette jeunesse dans la prise de décision, la gestion politique, économique et sociale des affaires de notre pays lèvera le doute qui l’anime et lui fait croire qu’elle est inutile dans son pays. Par exemple, un code électoral l’excluant et ciblé est une erreur à éviter.
Je crois à la nécessaire mutualisation de nos efforts à améliorer la gouvernance des affaires de notre patrie commune. Faisons l’effort de respecter nos engagements à l’endroit du Mécanisme Africain de l’Evaluation par les Pairs (MAEP) dont le Bénin est membre en matière de Bonne Gouvernance. On n’en parle plus. Dommage.
Notre capacité à accélérer la transformation de notre système éducatif, le développement des compétences techniques et professionnelles, la santé et notre plateau technique, les infrastructures telles que : Energie propre, Numérique, assainissement, routes, chemin de fer, Ports et aéroports de norme internationale; l’autonomisation, l’emploi, et l’entreprenariat de notre jeunesse nous aideront à consolider la paix, la stabilité, la sécurité, le développement et la prospérité partagée dans notre pays.
L’impact des chiffres sur la croissance de nos activités économiques publiés ces derniers temps ne nous rassure guère parce qu’à l’antipode d’une paupérisation gravissime dans nos centres urbains, nos villes, nos campagnes, nos écoles, nos universités, nos champs et nos marchés.
Seule une croissance véritablement inclusive d’un développement durable se vit et apporte la joie dans les cœurs et dissipe la haine. Nous en sommes encore loin.
Le défi de la transition démographique et la paupérisation actuelle symbole d’une arme de destruction massive nous invite à une réflexion collective.
Traquer cette jeunesse et la destiner à des emprisonnements arbitraires, parce qu’elle dit haut ce que chaque citoyen vit et pense bas relève d’une politique de l’autruche à éviter. Le fondement de toute démocratie réside dans la liberté d’expression et de presse.
Évitons de pousser le bouchon vers une radicalisation dans la violence qui mettra à mal notre République.
Peut-on faire à la République le point de l’impact de cette souffrance de la jeunesse sur la crise migratoire dans la sous-région, les pays de transit, et peut-être la méditerranée ? Que serait-il alors le profil futur de l’impact de cette crise migratoire si la gouvernance actuelle devrait se poursuivre dans toutes ses dimensions: politiques, démocratiques, sécuritaires, économiques, sociales etc. ?
Les Pères Fondateurs de ce pays en quête d’une démocratie enrichissante lesquels sont délégataires de Dieu, notre Père Céleste, le plus démocrate ne nous pardonneront pas ce virage dangereux que nous amorçons aujourd’hui parce que fait d’exclusions sur la base de l’ethnie, du sexe, de l’âge, de tribus, de régions et de la position sociale etc.
Une cohésion sociale s’impose donc pour inculquer dans le comportement de tous, une bonne gouvernance, l’éducation, la santé, la compétence, la formation professionnelle et technique, l’emploi afin de relever le défi de cette transition démographique et écologique motrice des Objectifs de Développement Durable.
Amorçons donc véritablement et sincèrement l’Emergence Economique et Sociale au profit de tout le monde dans notre pays.Gouvernons bien,
travaillons avec l’obligation de compte rendu
et partageons sur la base des efforts car nul ne doit être abandonné sur le quai. Maintenons la solidarité Nationale.
Que le Père Céleste Bénisse notre Chère Patrie Commune.
Bonne Chance à Tous et du Courage.
Dr Thomas Boni YAYI