Ce lundi 1er octobre 2018 pourrait marquer un tournant décisif dans la vie politique ivoirienne et bien sûr dans le fonctionnement de la cour pénale internationale, avec le procès de l’ancien président ivoirien Gbagbo Laurent. Quelle serait la décision des juges de la cour sur la demande d’acquittement déposée par les avocats de la défense de Gbagbo et Blé Goudé Charles ?
Gbagbo et Blé Goudé seront fixés sur leur sort respectif ce lundi à la CPI. Depuis novembre 2011, Laurent Gbagbo est incarcéré au centre de détention de la Cour pénale internationale (CPI) pour des chefs d’accusation de crimes contre l’humanité. Il sera présenté aux juges de la cour lundi pour une audience sur une demande d’acquittement déposée par ses avocats. En effet, les avocats de la défense, estiment que le procureur de la CPI, Fatou Bensouda, n’a pas d’éléments de preuves nécessaires et suffisantes pour argumenter et prouver les accusations portées contre Gbagbo ; ces avocats réclament donc, un acquittement pur et simple de leur client.
De son côté, Bensouda soutient que l’accusé est coupable et défendra son point de vu devant la cour lors de l’audience de lundi, à travers les éléments de preuves dont elle dispose. Pour les avocats de l’Etat ivoirien, il s’agit d’une « tactique d’audience » dans cette demande de non-lieu « extravagante ». « L’ancien chef de l’État ivoirien se prépare à demander un non-lieu avant même que le procès soit achevé et que les témoins de la défense aient été entendus. C’est un coup de bluff qui n’abusera personne », fustigent-ils.
L’audience de toutes les attentes
Il s’agira d’une audience décisive dans bien des cas. Dans un premier temps, elle statuera sur la libération ou non, du prisonnier le plus célèbre des geôles de la Haye. Une décision qui, quelques soit son penchant, aura forcément un gros impact sur la vie socio-politique de la Côte d’Ivoire, un pays qui renaît progressivement des cendres de la crise post-électorale de 2011, mais qui est toujours hanté par les fantômes de la division et du ressentiment.
Le pays, par le biais des autorités à divers niveau, prône la réconciliation de ses fils et filles mais les tensions ambiantes persistent et l’atmosphère dans laquelle se déroulent les préparatifs des législatives et locales en sont la preuve. Même si l’amnistie de Simone Gbagbo, ancienne première dame du pays, par le président Alassane Ouattara aura joué sa partition dans le réchauffement des relations, malgré les appels au pardon et à la réconciliation de Simone Gbagbo, les ivoiriens continuent de jouer la carte de la prudence, la méfiance ou peut-être l’attente d’un élément déclencheur comme peut-être « la libération de Gbagbo ».
Dans un autre sens, la décision que rendront les juges de la CPI, sera très déterminent quant à la crédibilité de la cour et de son indépendance aux yeux des pays africains, qui se plaignent d’une « marionnettisation » de l’institution par l’occident, dans le but de mieux contrôler les dirigeants du continent. Un sentiment partagé par bien de pays africains et bien de citoyens qui s’est amoindri avec la décision, il y a quelque mois, d’acquitter l’ex chef de guerre et ancien vice-président de RDC, Jean Pierre Bemba. Les observateurs pensent que ce scénario pourrait se répéter avec Laurent Gbagbo et qu’après environ sept ans de procès, il pourrait recouvrir la liberté et retourner à Abidjan.
Modeste Dossou/Beninwebtv