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Un reportage en caméra cachée l’avait surpris en train de conseiller des protocoles de dopage à des cyclistes: à 74 ans, Bernard Sainz, alias « docteur Mabuse », a été mis en examen et écroué mercredi pour ces pratiques qui lui ont déjà valu plusieurs condamnations.
Bernard Sainz, qui n’est pas médecin mais se présente comme un « spécialiste des médecines douces », avait été interpellé lundi à son domicile d’Almenêches, dans l’Orne, sur décision du juge d’instruction en charge de cette enquête ouverte en février à Paris.

Elle faisait suite au reportage télévisé de l’émission Cash investigation, diffusé en 2016 sur France 2 et réalisé en collaboration avec Le Monde.
On y voyait et on entendait distinctement le « praticien », filmé en caméra cachée, conseiller à ses « patients » la prise d’EPO (érythropoïétine) et de clenbutérol, un anabolisant utilisé pour les chevaux.
Le documentaire produisait également des témoignages et des pièces présentées comme accablantes. Autant de preuves niées par l’intéressé, devant les caméras de « Cash Investigation ».
« Je n’ai jamais encouragé le dopage et je le condamne fermement », insistait, dans le reportage, cet homme à la silhouette discrète et replète.
L’aplomb est le même devant les juges, comme l’a montré son dernier procès, en juillet, en correctionnelle à Caen dans une affaire de dopage dans le monde du cyclisme amateur et semi-professionnel.
A l’issue de sa garde à vue, le naturopathe a été déféré mercredi devant le juge d’instruction qui l’a mis en examen, notamment pour « exercice illégal de la médecine » et « incitation à l’utilisation par des sportifs de substances ou méthodes dopantes interdites », à chaque fois « en récidive légale », a indiqué une source judiciaire.
Bernard Sainz a été placé en détention provisoire dans la soirée par un juge des libertés et de la détention, conformément aux réquisitions du parquet de Paris, a précisé cette source.
– Soins aux sportifs et au chevaux –
Coureur cycliste amateur dans les années 1960, Bernard Sainz s’est fait connaître en devenant directeur sportif adjoint d’une équipe professionnelle de premier plan (Fagor-Mercier puis Gan-Mercier), dont les vedettes étaient le légendaire Raymond Poulidor et Cyrille Guimard, l’actuel sélectionneur de l’équipe de France.
Au fil des années, il se reconvertit dans les soins aux sportifs et aux chevaux. Il devient « docteur Mabuse », le surnom ambigu qui fait référence au personnage machiavélique et insaisissable popularisé par le cinéaste Fritz Lang.
Malgré ses constantes dénégations, celui qui fut le coach de plusieurs dizaines de champions français a été condamné en septembre à Caen à neuf mois de prison ferme pour incitation au dopage, dans le monde du cyclisme amateur et semi-professionnel. Une décision dont il a fait appel, selon son avocat, Me Stéphane Mesones.
« J’ai cette caricature diabolique de dopeur. Mais qu’est ce qu’il y a de concret ? Rien », avait déclaré Bernard Sainz lors de l’audience en juillet devant le tribunal correctionnel.
« Soit vous n’avez rien fait, soit vous êtes très malin », avait rétorqué le président du tribunal. Le parquet avait souligné au passage le caractère « très rémunérateur » des activités du prévenu.
Bernard Sainz a en outre été condamné en 2014 par la cour d’appel de Paris à deux ans de prison dont vingt mois avec sursis, notamment pour incitation au dopage et exercice illégal de la médecine en 1998. En 2013, la cour d’appel de Caen l’a elle condamné à 3.000 euros d’amende pour exercice illégal de la médecine et travail dissimulé dans une affaire liée à des pratiques de dopage de chevaux.
AFP

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