Les centres hospitaliers publics sont, depuis plusieurs semaines, le théâtre de mouvements d’humeur. Des agents de santé, réclament le non-paiement des arriérés de diverses primes et dénoncent les réformes enclenchées dans le secteur de la santé.
Cela fait plus de deux semaines que les hôpitaux publics de référence sont paralysés pour non-paiement des arriérés de primes diverses, mais aussi et surtout pour les réformes initiées pour dynamiser le secteur de la santé. Résultats : la non prise en charge des patients qui sont abandonnés à leur triste sort. Une situation qui crée d’énormes désagréments, pour des citoyens qui souffrent le martyr, même pour bénéficier des soins les plus élémentaires. A l’analyse, on comprend que cette catégorie de fonctionnaires de l’Etat est manipulée par une opposition en perte de vitesse. Le projet de réforme du secteur de la santé présenté comme principal motif de la grève n’est que la face visible de l’iceberg. On ne saurait comprendre que des agents sanitaires laissent souffrir, voire mourir les usagers des centres de santé publics pour de l’argent qui leur est, certes, dû, que le gouvernement du Nouveau départ ne refuse pas de payer. Plus grave, ils menacent de reconduire la grève sans service minimum. Ce qui est illégale puisque la santé fait partie des secteurs prioritaires qui échappent à la grève sans service minimum. Sur ce plan, le gouvernement doit taper du poing sur la table si les agents de santé osaient mettre leur menace à exécution.
Pour des arriérés de la gestion de « Yayi »….
En matière d’arriérés de primes diverses, les agents de santé revendiquent le paiement du rappel de la prime de motivation au titre de l’année 2007 évalué à 6 milliards de francs Cfa, le paiement du rappel de la prime de risque (d’avril à septembre 2011) qui est évaluée à 1,4 milliard, le paiement de l’indemnité de logement revalorisée au personnel paramédical et administratif du ministère de la Santé et du Cnhu-Hkm dont le montant est évalué à 2,2 milliards. Or, face à ces revendications, des rounds de négociation ont déjà eu lieu entre les grévistes et le gouvernement. Des propositions de solutions ont été faites et les ministres sectoriels devaient en rendre compte au Conseil des ministres. Les acteurs du secteur le savent très bien. Il faut dire qu’à l’occasion de leur sortie médiatique, mardi 17 octobre 2017, les agents de santé ont étalé des contre-vérités, soit parce qu’ils n’ont rien compris au rapport de la commission de réforme qui leur a été remis pour appréciation, soit par mauvaise foi dans le but de duper l’opinion. Pour satisfaire leur fantasme, ils ont affirmé entre autres que le Centre national hospitalier universitaire Hubert Koutoukou Maga (Cnhu-Hkm) sera privatisé et que l’argent du Cnhu servira à acheter ce centre hospitalier de référence, parce que selon eux, le rapport demande que le gouvernement verse ce que l’Etat doit au Cnhu au repreneur. Une véritable mise en scène dans la mesure où le rapport ne suggère nullement la privatisation du Cnhu. Il s’agit plutôt d’une concession de gestion. L’hôpital reste donc la propriété de l’Etat. Des fonctionnaires y travailleront de même que des contractuels. Par ailleurs, les dettes en question ne sont nullement de l’ordre de la dizaine de milliards de FCFA comme l’affirment les syndicalistes. Elles sont évaluées à dix milliards de FCFA et remontent essentiellement à la gestion Yayi. Il s’agit, d’après le ministre de la Santé, Alassane Séidou, de la subvention que l’Etat verse à cet hôpital comme aux autres centres publics et qui s’élève pour le Cnhu, à environ 2 milliards de FCFA par an pour la prise en charge des soins gratuits (césarienne, paludisme, dialyse etc.)
Inutile polémique autour de la mise en concession du Cnhu
Le rapport a suggéré la mise en concession du Cnhu en raison des dysfonctionnements qui induisent de façon notoire des services de piètre qualité aux usagers. De même, la réforme vise aussi à terme, du fait de la désertion de certains postes d’affectation comme cela arrive fréquemment, les recrutements sur poste en vue de garantir effectivement le service public de la santé aux populations. Même pour ce qui concerne les dettes de l’Etat vis-à-vis du Cnhu, il n’est prévu nulle part dans le rapport qu’elles soient versées à un repreneur. Le droit de réponse du ministre de la Santé sur Canal 3, mercredi 18 octobre 2017, illustre à bien d’égards ce point. Il est donc clair que l’Etat ne paiera pas les créances du Cnhu à un quelconque concessionnaire. Ces créances serviront à apurer les dettes du Cnhu par le Cnhu vis-à-vis des créanciers pour s’assurer qu’elles sont effectivement versées. Il n’est donc nullement question que cet argent atterrisse dans les mains d’un concessionnaire. Comme on le constate, si ce n’était qu’à cause du rapport de la commission de réforme du secteur de la santé, la grève des agents sanitaires n’est pas fondée, puisque basée sur un motif non avéré. C’est pourquoi on doit s’interroger vraiment sur les motivations profondes qui les animent et sur la pertinence de leur mouvement. D’ailleurs, à ce propos, certaines informations font état de ce qu’ils sont manipulés et financés par des acteurs politiques, mécontents de la lutte contre les faux médicaments. On peut s’étonner de ce que des praticiens sanitaires s’associent à des trafiquants de faux médicaments, ceux-là même qui mettent en danger la vie des populations, pour des actions injustifiées.
Odi I. Aïtchédji