Le ministre de la Santé, Alassane Séidou, était face à la presse hier mardi 7 novembre 2017. Principal sujet abordé, la persistance du mouvement de débrayage dans le secteur de la santé malgré les engagements et les diligences du gouvernement pour satisfaire les revendications des partenaires sociaux.Tout en exprimant la disponibilité permanente de l’Exécutif pour un dialogue constructif, l’autorité ministérielle a invité tous les acteurs à reprendre le travail pour éviter la prise en otage d’un secteur aussi sensible. Lire sa déclaration.
Point de presse du ministre de la Santé
Depuis le 30 août 2017, le collectif des syndicats du Secteur de la Santé a déclenché un mouvement de grève qui, malheureusement, perturbe la continuité des soins dans nos différentes formations sanitaires. Je saisis cette occasion pour exprimer mes regrets et ma compassion à toute la population pour les dommages causés par cette situation.
A l’origine de ce débrayage, le collectif des syndicats a présenté quatre revendications qu’il me plaît de rappeler. Il s’agit de :
• la mise à disposition du rapport de la commission de réformes du secteur de la santé ;
• le rapportage pur et simple de la décision de création d’un comité technique de mise en œuvre desdites réformes ;
• la mise sur pied d’un comité regroupant les représentants des acteurs sociaux et les différents corps en vue d’étudier à fond le rapport de la commission des réformes et faire les propositions subséquentes ;
• la satisfaction sans délai de toutes les revendications objet de grève et déjà étudiées par la commission interministérielle mise en place par arrêté du 05 décembre 2016.
Face à ces différentes revendications, le gouvernement a montré sa disponibilité et sa bonne foi, par la mise en place d’un cadre de dialogue avec les partenaires sociaux. C’est ainsi que plusieurs rencontres ont été organisées sous la conduite du ministre d’Etat, chargé du Plan et du développement, et un compte rendu régulier des différentes séances est fait au Conseil des ministres.
A ce jour, les engagements et diligences du gouvernement face aux revendications des partenaires sociaux se présentent comme suit :
Par rapport au paiement des arriérés de prime de motivation et de risque, un montant de deux milliards quatre cent soixante neuf millions cent cinquante-huit mille (2.469.158.000) soit le tiers du montant total dû depuis 10 ans, seront immédiatement débloqués au profit des travailleurs. Les deux autres tiers seront payés sur deux semestres de manière à solder au plus tard en décembre 2018 la totalité des arriérés. Par ailleurs le gouvernement continuera de payer à bonne date les salaires et autres primes comme c’est le cas depuis avril 2016.
En ce qui concerne les doléances d’ordre administratif et relatives à la carrière des agents, les instructions sont données à toutes les structures impliquées pour que les diligences nécessaires soient faites pour une prise en compte rapide des préoccupations des travailleurs.
Le rapport de la commission des réformes a été remis au collectif des syndicats depuis le 18 septembre 2017. Nous attendons de recevoir leurs observations et contributions pertinentes.
A ce propos, vous pouvez vous-mêmes relever qu’il est curieux que près de deux mois après réception dudit rapport, les partenaires sociaux n’aient formulé aucune observation ni suggestion, mais s’emploient à dénoncer des choses qui n’existent d’ailleurs pas au rapport, et parcourent les plateaux de télévision pour critiquer au lieu de soumettre leurs observations.
Quant à l’exigence de rapporter la décision de création du comité technique de mise en œuvre desdites réformes, le Gouvernement estime que les partenaires sociaux vont au-delà de leurs prérogatives. Cette revendication est de nature à empêcher la concrétisation des réformes qui sont opportunes et indispensables pour apporter des solutions aux maux qui minent le secteur de la santé. Mais comme je l’ai mentionné plus haut, le gouvernement reste entièrement disponible pour considérer les propositions pertinentes que feront les partenaires sociaux suite à l’examen du rapport.
Les propositions contenues dans ce rapport, je dois le préciser clairement ici, ne remettent nullement en cause le acquis des travailleurs de la santé, et ne portent aucunement atteinte à leur sécurité professionnelle. Bien au contraire, elles visent à améliorer leurs conditions de travail. Mieux, elles visent aussi à assurer aux populations béninoises, une meilleure prise en charge dans les centres de santé publique, et une meilleure qualité de soins. Et cela, tout homme honnête qui lit le rapport le comprendra.
Mesdames, Messieurs,
Chers amis de la presse
Vous comprenez donc mon étonnement et ma déception face à la poursuite des mouvements de grève, malgré les différentes mesures prises par le gouvernement pour satisfaire aux revendications des partenaires sociaux.
Je profite de cette occasion pour apporter des clarifications à certaines contre vérités propagées malheureusement au sein de la population.
En effet nous entendons dire que tous les hôpitaux seront privatisés ; je voudrais affirmer qu’aucun hôpital ne sera privatisé. La réforme n’a prévu de sortir aucun hôpital du patrimoine public. Il est question d’adopter de nouveaux modes de gestion pour plus d’efficacité et d’efficience, toutes choses indispensables pour améliorer la qualité de l’offre des soins aux populations
Une autre contre vérité est que tous les agents seront mis à la rue. La réforme n’a prévu de mettre au chômage aucun agent qu’il soit un agent conventionné, un agent permanent de l’Etat ou un agent contractuel de l’Etat. D’ailleurs comment pourrait-il en être ainsi lorsqu’on sait que notre pays est à 8 agents qualifiés pour 10000 habitants au lieu de 25 pour 10000 tel que recommandé par l’Organisation Mondiale de la Santé ? C’est ce qui justifie d’ailleurs le choix du gouvernement de faire du recrutement et de la formation du personnel un projet phare du secteur.
Nous entendons par ailleurs dire à travers les médias et les réseaux sociaux que le Cnhu sera acheté avec l’argent du Cnhu et que le contrat de cession serait déjà signé. Je voudrais dire publiquement que cette allégation est fausse et que le Cnhu est et restera toujours dans le patrimoine de l’Etat.
En somme, il y a lieu de se demander à quelles fins de telles allégations sont propagées. Et pourquoi créer tant de préjudices aux populations alors que le gouvernement est dans la dynamique de résolution des problèmes posés ?
Par ailleurs on dénombre aujourd’hui plus d’une quarantaine de syndicats au Ministère de la santé. Cet effectif à notre sens pléthorique et cet hyper activisme ne sont de toute évidence pas de nature à favoriser un dialogue efficace. Les partenaires sociaux devraient y réfléchir.
Pour finir, je voudrais souligner que l’Etat ne saurait continuer d’utiliser les ressources du contribuable pour payer les salaires et primes à des agents qui refusent délibérément d’accomplir leur devoir. Le gouvernement, tout en exprimant sa disponibilité permanente pour un dialogue constructif, invite tous les acteurs du secteur à reprendre le travail pour éviter de faire prendre en otage un secteur aussi sensible, et ce au mépris des règles d’éthique et de déontologie.
Je vous remercie.