Capables de s’attaquer à de grandes multinationales comme à des gouvernements, le collectif Anonymous créé en 2003, est une puissance incontournable, mais aussi controversée du Net. Ces activistes 2.0 entendent garantir, grâce à la force que leur confère leur nombre, la liberté d’expression sur internet et dans le monde. Mais qui se cache derrière le masque ?
Le collectif Anonymous est un mouvement mondial regroupant ce que l’on pourrait appeler des « hacktivistes ». Hackers par leur mode d’action essentiellement basé sur le piratage informatique, et activistes par le caractère revendicatif et militant de leur démarche. Indénombrables, les membres du groupe, peuvent être par essence n’importe qui ou n’importe quoi : « aucun portrait-robot type n’est possible à réaliser » expliquent Frédéric Bardeau et Nicolas Danet, auteurs de « Anonymous, pirates informatiques ou altermondialistes ? ». Le secret autour de l’anonymat de ses membres est d’ailleurs largement entretenu par le collectif. C’est là que réside la force d’Anonymous, dans sa capacité à concerner toutes les strates de la société et à réunir des gens aux compétences et aux revendications diverses. Mais c’est là aussi sa grande faiblesse, puisque chacun, quelles que soient ses intentions, peut adhérer au mouvement, indique le site citizenpost.
Des supers activistes 2.0
Pas de leader, pas de responsable. Tous les participants sont sur un pied d’égalité, avec le même pouvoir décisionnel. Tout internaute peut se connecter à leurs réseaux de discussion instantanée, dit IRC, et prendre part aux débats et surtout aux actions en cours. « Nous sommes vos frères et vos soeurs, vos parents et vos enfants, vos chefs et vos employés. Anonymous est partout et nulle part en même temps. Notre force tient à notre nombre », résume l’un d’eux. Selon l’OBS, dans l’ombre de réseaux de discussion, les anonymes organisent différentes « opérations » consistant, le plus souvent, à rendre inaccessible des sites web. Pour ce faire, ils sont épaulés par un logiciel (baptisé LOIC) qui surcharge en requêtes un site cible, jusqu’à obtenir sa saturation. On parle alors d’attaque de déni de service (ou DDoS), contre laquelle aucun site web n’est protégé, aussi bien du côté des gouvernements que chez Mastercard.
Avec cette pression numérique, les Anonymous ont inventé en à peine quelques années, une nouvelle forme d’activisme. La chute du régime de Ben Ali en est la parfaite illustration. Alors que les rues tunisiennes grondaient, des internautes du monde entier se sont mobilisés pour aider les insurgés à contourner la censure du web tunisien et pour rendre inaccessible toute propagande du régime sur la Toile. « Sans les Anonymous, la révolte en Tunisie n’aurait pas eu une répercussion internationale », estime même le blogueur et ancien ministre Slim Amamou.
Un seul credo : combattre la censure
Selon le compte Twitter @AnonOps, les membres d’Anonymous se veulent « des combattants pour la liberté dans le monde » que ce soit sur internet ou dans le monde réel. Dans le documentaire de Brian Knappenberger « Nous sommes légions-histoire des hacktivistes », un anon s’explique : « nous défendons la liberté d’expression, le pouvoir du peuple, le droit de manifester contre les gouvernements, de rendre justice ».
Leurs actions, toujours non violentes, reposent sur une désobéissance civile. Pour parvenir à leur fin, les moyens sont multiples et pour certains, inédits. Anonymous a ainsi popularisé les sit-in virtuels, véritables manifestations virtuelles dirigées contre une cible prédéfinie à l’avance. Ces sit-in passent par le déni de service (ou DDoS), au cours duquel les anons vont surcharger un site cible, jusqu’à saturation, le rendant inaccessible. D’autres moyens existent et passent par la publication de manifestes ou de vidéos à la mise en scène particulièrement travaillée, ou le piratage informatique pur et simple. Enfin, depuis 2008, des manifestations « physiques », sont régulièrement organisées dans des villes du monde entier. Leurs cibles sont toute personne, tout organisme ou tout gouvernement qui, selon eux, bafoue la liberté d’expression sur internet.
Modeste Dossou/Beninwebtv