D’autres soulignent toutefois la difficulté de prédire la suite, les choses pouvant, selon eux, également se calmer.
Q: Où en est-on actuellement ?
R: Le Mont Agung, qui culmine à un peu plus de 3.000 m d’altitude, a donné des premiers signes de réveil en septembre. « Tous les voyants étaient au rouge. Puis après une crise sismique importante – liée à la remontée du magma -, il s’est calmé fin octobre. Mais depuis quelque temps il a repris du service », déclare à l’AFP Jacques-Marie Bardintzeff, volcanologue, professeur à l’Université Paris-Sud. Le niveau d’alerte, qui avait été abaissé à 3, est remonté à 4, le niveau maximal pour l’Indonésie.
Le volcan a craché samedi des panaches de cendres qui sont montés à plus de 3.000 mètres de haut.
« Ce que nous observons en ce moment, ce sont de petites explosions, qui rejettent des gaz chauds et des fragments de roche fondue ou de cendres », explique David Pyle, professeur des sciences de la Terre à l’Université d’Oxford.
« L’éruption a démarré. Du magma est sorti », note Bruno Scaillet, chercheur CNRS à l’Institut des sciences de la Terre d’Orléans (France). Des lueurs rougeoyantes ont été observées la nuit.
Q: Que peut-il se passer à présent?
R: Le Mont Agung est un volcan craint car c’est un volcan de type « explosif ».
Il se distingue des volcans « effusifs », caractérisés par l’écoulement de la lave fluide sur leurs flancs.
Les volcans explosifs, riche en eau, sont susceptibles de générer des explosions importantes avec projection d’énormes quantités de débris et de cendres brûlants, très haut dans l’atmosphère.
C’est ce qui s’est passé en 1963. Le volcan Agung a d’abord émis des coulées de lave, puis des explosions ont envoyé des débris à une dizaine de kilomètres dans les airs.
En retombant, ces débris ont formé des nuées ardentes. La coulée pyroclastique a dévalé les flancs du volcan, détruisant tout sur son passage.
Au total, le processus éruptif qui s’est étalé sur onze mois, a fait 1.600 morts.
« Pour le moment, le schéma de l’éruption du Mont Agung est similaire à celui qui s’est produit en 1963 », souligne le professeur David Pyle.
« L’éruption de 1963 a atteint un pic d’activité après un à trois mois de rejet de cendres dans l’air », ajoute-t-il.
« La probabilité d’une grande éruption est élevée mais cela pourrait prendre des jours ou des semaines avant que cela ne se produise », déclare David Pyle.
« Une éruption majeure du type de celle de 1963 n’est pas à exclure », relève Jacques-Marie Bardintzeff. « Mais le volcan peut aussi rentrer dans le rang, quitte à recommencer dans un mois ou deux ».
Carmen Solana, volcanologue à l’Université de Portsmouth, pointe « l’incertitude » sur la façon dont les choses sont susceptibles de tourner.
« Le volcan pourrait produire une vaste éruption ou bien se rendormir. On peut supposer que son activité explosive va s’accroître mais personne ne sait à quel rythme et avec quelle intensité », dit-elle.
Bruno Scaillet est encore plus prudent. « On ne sait pas comment les choses vont évoluer ». Pour lui, rien ne permet de dire que l’éruption pourrait ressembler à celle de 1963.
Q: Quels sont les risques pour la population et le trafic aérien ?
R: Les autorités indonésiennes envisagent de faire évacuer préventivement environ 100.000 personnes habitant près du Mont Agung. Quelque 40.000 personnes ont déjà quitté leurs habitations proches du volcan.
« La probabilité d’avoir un grand nombre de morts et de blessés en cas d’éruption majeure est beaucoup plus faible qu’en 1963 », souligne Mike Burton, professeur de volcanologie à l’Université de Manchester.
« Les techniques de surveillance du volcan se sont améliorées, les risques sont mieux connus et surtout les populations locales sont davantage informées » et les moyens de communication se sont développés, poursuit-il.
Mais les cendres volcaniques représentent aussi « un danger sérieux pour les avions », déclare David Rothery, professeur de sciences de la Terre à The Open University. Elle sont susceptibles de bloquer les moteurs d’avion.
Lundi, l’aéroport international de Denpasar, capitale de la province de Bali, destination touristique mondiale avec des millions de visiteurs chaque année, a été fermé car il ne doit pas y avoir de cendres sur les pistes.
AFP